TANZANIE

Découvrir la savane Tanzanienne à pied avec un guide Maasaï, une expérience unique.

Sunset sur le Kili…

La Tanzanie offre de multiples possibilités de la visiter, pour nous le principal but était l’ascension du fameux Kilimandjaro . Mais difficile de ne pas faire un petit détour par la savane Tanzanienne, c’était un prétexte pour nous mettre en jambe et en condition avant la grande aventure.

Nous nous rendons au camp de base de ce premier trek en Tanzanie. Il se situe à quelques kilomètres d’Arusha au nord-ouest de la Tanzanie.  Nous quittons notre hôtel, l’Ibaru Lodge à Arusha, aux excellentes prestations (piscine, très bons repas, chambres spacieuses et confortables, salle de massage).

Départ en 4X4 au petit matin avec notre guide francophone Ali, petit détour par le marché local pour acheter des produits frais pour le campement. Le temps est brumeux et le Kilimanjaro fait son timide, la tête dans les nuages. Sur la route, nous rencontrons les premiers animaux sauvages, et pas des moindres, des girafes broutent à quelques mètres de la route, cette première rencontre est magique.

Sur le parcours, nous apercevons au loin des grandes silhouettes longilignes vêtues de tissus colorés à dominante rouge, pas de doute nous sommes bien en pays Maasaï, peuple d’éleveurs et de guerriers semi-nomades, installé au nord de la Tanzanie et au sud-ouest du Kenya. Nous quittons la route goudronnée pour emprunter une piste de terre et de sable, nous nous enfonçons dans la brousse, la végétation est rase, les seuls reliefs sont les acacias aux formes si caractéristiques, taillés par les girafes et les chèvres des Maasaï. Nous découvrons bientôt notre camp, de grands canapés sont installés à l’ombre des arbres et invitent à la détente et à la farniente, nous faisons connaissance avec le personnel des lieux et avec Saïtoti Senden, notre guide Maasaï. Nos premières sensations sont très positives.

 

Durant trois jours, nous allons arpenter la savane à pied à ses côtés, prendre le temps de s’imprégner, d’écouter les sons, si particuliers et si nombreux de la faune et de partir sans savoir ce qui nous attend au détour du chemin.

Ce sera aussi l’occasion de découvrir la culture si singulière de ce peuple, tellement éloignée de nos modes de vie occidentaux. Ils vivent en osmose avec la nature et leur environnement, ils sont uniquement éleveurs et bougent au gré des conditions climatiques à la recherche de pâturage pour leurs troupeaux, ils sont animistes. La société maasaï est patriarcale, les anciens prennent les décisions pour l’ensemble du groupe. Le chef spirituel, oloiboni ou laibon (forme anglicisée), agit comme un intermédiaire entre les Maasaï et leur dieu Enkai. Il est le détenteur des connaissances traditionnelles concernant les plantes médicinales et peut pratiquer la divination et la magie.

Les Massaï sont divisés en classes d’âge. Les hommes passent successivement dans cinq classes d’âge : enfants, jeunes guerriers, guerriers adultes, jeunes aînés puis aînés. Le passage d’une classe à l’autre est accompagné de rites initiatiques.

Lors de notre première journée, nous allons partir sur les traces de l’un d’entre eux. Les jeunes garçons adolescents partent durant trois mois dans une grotte dans la montagne, après leur circoncision, loin de l’univers féminin. Ils ne pourront se marier que lorsqu’ils seront devenus des guerriers adultes.

Durant leur isolement, ils apprendront à se débrouiller seuls sans l’aide des adultes. Pour égrainer le temps qui passe, ils entaillent le tronc des arbres en guise de repères temporels. Leur société est très codifiée, à chaque étape de leur vie correspond un code couleur distinctif, le noir est réservé aux femmes mariées et aux jeunes hommes circoncis, le bleu pour les femmes excisées. Saïtoti nous explique précisément tous ces rites, nos échanges sont riches et instructifs. Nous rentrons au camp différents.

Le lendemain, nous partons à la découverte de la faune sauvage, que va nous réserver cette journée, qu’allons-nous voir ? Nous l’ignorons totalement, la nature décidera.

En chemin, Saïtoti nous explique avec grand soin toutes les plantes médicinales qu’ ils ont l’habitude d’utiliser, celle-ci s’utilise pour cicatriser les blessures, cette autre pour se nettoyer les dents, celle-là pour les maux de ventre, à chaque mal la nature apporte une solution et une réponse, les Maasaï font totalement corps avec leur environnement.

Chacun de nos pas est accompagné par le son des insectes et des oiseaux multicolores, que la nature est belle, c’est à la hauteur de nos espérances. Puis tout à coup, nous apercevons au loin un couple d’antilopes, qui s’est arrêté pour nous observer à bonne distance, c’est magique. Après plusieurs heures de marche, nous distinguons les reines de la savane, un couple de girafes avec leur girafon, elles sont loin de nous, mais prudente la maman détale avec son petit pour l’éloigner du danger potentiel que nous représentons.

Seul reste le mâle majestueux, il nous accompagnera à distance durant toute notre incursion sur son territoire, ne nous quittant pas des yeux, telle une vigie, la tête au somment des acacias. Comment vous décrire ce sentiment, nos sensations ?

 

Nous savourons notre chance, conscients de vivre des instants uniques, le fait d’être à pied nous rend tout petit face à cette élégance racée. La marche permet d’observer la nature dans ses moindres détails, de prendre le temps et de nous échapper de nos rythmes familiers, c’est totalement dépaysant.

Nous terminons notre périple par la visite du village de Longido, composé de nombreuses échoppes, où se côtoient Maasaï et Tanzaniens.  Nous sommes rentrés au camp le soir, des étoiles dans les yeux, riches de cette nouvelle expérience qui remet les choses à leur place, et avec un message :  les Maasaï sont sages.

Le troisième jour, nous visitons un village,  nous sommes accueillis par une nuée d’enfants curieux et rieurs, envoûtés par nos appareils photos numériques et qui prennent la pause devant l’objectif et découvrent hilares leurs bouilles sur l’écran. Les Massaï construisent de petites maisons circulaires temporaires en utilisant des branchages entrecroisés, recouverts de bouse de vache et de boue. Ce mélange sèche rapidement au soleil pour devenir suffisamment dur.

Les maisons sont toutes construites de la même manière : une pièce où les invités peuvent discuter, une pièce pour les animaux, la pièce principale où il y a le feu pour cuire les aliments et les nattes pour dormir, posées par terre. Il n’y a pas de meubles. Un groupe de maisons en cercle, ceint par une clôture formée de branches épineuses, forme un enkang. Les troupeaux sont regroupés au centre de ce cercle durant la nuit afin de les protéger des prédateurs. Un ensemble d’habitation formant un village est nommé boma.

Les femmes construisent les maisons et s’occupent de la vie du village (entretien des maisons, repas, vêtements…). Les hommes veillent à la sécurité du campement et s’occupent du bétail. Car la vie traditionnelle des Maasaï s’organise autour des animaux, qui constituent leur principale source de nourriture et leur principale richesse, déterminée en fonction du nombre de vaches possédées par la famille.

 

Ils croient que leur dieu leur a confié son propre bétail afin qu’ils s’en occupent. Chaque famille possède une dizaine de bœufs, de chèvres et de moutons et chaque bête est marquée d’un signe distinctif. Les hommes emmènent leurs troupeaux paître dans la réserve des animaux, pour plusieurs jours. C’est le plus ancien guerrier qui guide le troupeau à travers la savane. Les Maasaï occupent un territoire aussi longtemps que le bétail peut s’y nourrir. Lorsque la nourriture se fait trop rare, ils migrent et brûlent leur ancien village.

Nous les quittons à regret, conscients que leur mode de vie traditionnel aura bien du mal à résister aux différentes pressions et tentations. Car bien qu’ils soient très attachés à leurs origines et à leur culture, de nombreux jeunes Maasaï les abandonnent pour adopter un style de vie occidental.

Depuis l’ère coloniale, ils ont été dépossédés d’une partie importante de leurs terres et de leur territoire, soit par des fermiers privés, soit dans le cadre de plans gouvernementaux ou de création de parcs nationaux. Les gouvernements tanzanien et kényan ont en effet tenté de mettre en place des projets de développement visant à modifier leurs modes de vie traditionnels et tenter de les sédentariser afin qu’ils respectent les frontières. Ces tentatives se sont soldées par un appauvrissement généralisé des populations Maasaï, qui jusque-là géraient efficacement leur bétailet leur environnement.

Depuis 1993, des mouvements s’organisent pour faire cesser les ventes ou les saisies de terre au Kenya, ou pour participer à l’administration du Conservatoire régional de Ngorongoro et à la campagne de défense de la montagne sacrée Endoinyo Ormoruwak en Tanzanie.

« Mais combien de temps encore résisteront-ils ?

Que va-t-il advenir de ce peuple de fiers guerriers qui restent l’image emblématique du Kenya et de la Tanzanie, connue dans le monde entier ?  » – Sita –