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Jour 1, le matin : 15 km de VTT entre l’Habitation Leyritz et l’Habitation Macouba.

crédit photo : Scoopdyga/TV Sport Events

Après une courte nuit en bivouac à l’Habitation Leyritz (1) à Basse Pointe au nord de la Martinique, les choses sérieuses allaient commencer. Le décalage horaire, de 5 heures en moins, favorisait les réveils très matinaux avant le lever du soleil. Pas besoin d’alarme. Tout le campement s’est animé peu à peu. Un bon petit déjeuner avec un large choix de mets salés et sucrés, une douche à température ambiante, et on enfile notre tenue de combat aux couleurs du raid. On range et on boucle notre paquetage (2), car le principe du bivouac c’est l’itinérance, à chaque jour sa nouvelle destination, un sacré boulot pour les organisateurs.

Tous les matins, il leur fallait déplacer une soixantaine de tentes, les toilettes, démonter et remonter les douches. Et chaque soir tout était à disposition à notre arrivée, chaque tente était numérotée avec le chiffre de notre équipe (même principe pour nos sacs de voyage) et renfermait les oreillers et les matelas. Chapeau. Nous n’avions plus que nos sacs à récupérer. C’était le camping confort. A 8 heures, toutes les filles devaient être opérationnelles et sur la ligne de départ…

Le speaker Steve en pleine forme battait le rappel sur une musique entraînante et avec sa légendaire énergie. Toutes les équipes entamaient cette journée avec le sourire, le beau temps était aussi de la partie. Nos montures étaient flambant neuves, même si le temps a légèrement manqué pour les dompter et les essayer. Un petit tour rapide a permis d’en voir les spécificités essentielles, avec notamment le test du passage des vitesses et des plateaux. Très vite je me suis rendue compte que la hauteur de la selle à son minimum allait être un petit souci. Je ne tarderais pas à m’en apercevoir.

Frédéric Gallois, ancien commandant du GIGN et directeur sportif du raid, rappelait les consignes de sécurité à respecter, l’esprit de solidarité dans l’adversité qui devait prévaloir et le respect des autres concurrentes, pas question de pousser les copines dans les ronces ou d’opter pour les queues de poisson pour gagner quelques secondes. Toutes les équipes devaient boucler les épreuves, sans temps limite, ni disqualifications. En revanche, interdiction d’abandonner une équipière en route, les points de passage seraient validés qu’en la présence des trois participantes et la ligne d’arrivée franchie ensembles.

 

A l’heure dite, tout le monde était en place. Le départ, toutes les 30 secondes, se faisait dans l’ordre du numéro des équipes. Je vous avoue que j’avais hâte de démarrer tout en redoutant les réactions de mon corps. La fatigue était là suite au voyage, au décalage horaire et au manque de sommeil. Le VTT ne m’inquiétait pas outre mesure, je fais du vélo tous les jours, c’est mon mode de déplacement et je n’ai pas peur dans les descentes. Il me restait à tester mon cardio.

Le parcours démarrait fort avec une jolie côte dès le départ. Le parcours slalomait entre les champs de canne à sucre, les plantations d’ananas ou de bananes avec au détour d’un virage ou d’une culture une superbe vue sur la mer. Mais les jambes étaient lourdes en montée, le début de l’épreuve s’est révélée éprouvante pour les muscles, le jus venait à manquer. Je me suis mise en mode « je gère mon effort », je dose intelligemment en fonction de mes ressources pour aller au bout sans dommage. Mes expériences de trek ont été formatrices, certes je ne cours pas comme un lapin mais je connais mon corps et mes capacités. La variété du circuit et des paysages était motivante et stimulante, dommage que nous n’ayons pas eu le temps de flâner. Les descentes étaient amusantes mais glissantes et c’est là que la hauteur de la selle était handicapante, difficile de s’extraire aisément du vélo quand il y a une obstruction, donc des jolies glissades et gamelles ont jalonné l’épreuve, qui s’avérait bien technique. Beaucoup de monde était logé à la même enseigne.

Au terme de 2 heures 14 minutes d’effort et de plaisir, nous franchissions la ligne ensemble sous les ola des premières arrivées, et dans une ambiance de folie. Pour l’anecdote, l’équipe 46 de Sabrina, partie la dernière, a remonté toutes les équipes pour boucler en 1 heure 25 minutes à 7 minutes des secondes. Le ton était donné. En attendant les dernières, je m’adonnais à des étirements variés et en profondeur tout en profitant de l’atmosphère euphorisante.

Jour 1, l’après-midi : le canoë-kayak : 6,5 km entre Grand-Rivière et l’Anse Céron (Prêcheur).

Durant le repas pris en bord de mer, qui nous proposait une belle variété de mets locaux, nous avons constaté le changement de temps. Le vent s’est levé, les vagues ont grossi, se creusant dangereusement. Mais la décision a été prise de maintenir l’épreuve. Une fois équipées de nos gilets de sauvetage, direction la plage volcanique (la Montagne Pelée est proche et a laissé des stigmates de son activité) et la ligne de départ.

Et là quand j’ai vu les rouleaux qui cassaient sur la plage, je me suis demandée comment nous allions passer la barre.

Tous les canoë-kayak étaient alignés, les uns à côté des autres, au bord de l’eau. Nous devions courir pour nous saisir de nos embarcations. Les bateaux devant assurer notre sécurité se sont mis en place, le drone suivait nos faits et gestes, les photographes et cameramen professionnels nous prenaient sous toutes les coutures. Nous avons été filmées et photographiées durant tout le raid, à tout moment, pour permettre à nos proches de nous suivre presque en direct sur le site du Raid (3) et en vue de la réalisation d’un 52 minutes, diffusé sur Canal +, quelques semaines après.

Les organisateurs ont attendu le moment opportun, à la fin d’une série de vagues pour donner le top départ. Pour le clin d’œil, Isabelle et Marjorie ont passé quelques minutes à jouer à Tetris avec nos bouteilles d’eau, souhaitant les caler au mieux. Je les ai regardées faire avec un air amusé, me disant qu’à la première vague, tout allait valser. La suite des évènements allait me donner raison.

Nous nous sommes toutes ruées sur nos bateaux, sans trop réfléchir, les deux premières devaient monter et se mettre à ramer tout de suite pendant que la troisième devait pousser et aider à passer les vagues. Alors en théorie, ça a l’air simple mais en pratique, ça ne s’est pas exactement passé comme ça. On avait plus l’impression d’être du linge dans une machine à laver que des kayakistes. Bref, une, deux, trois et certaines, quatre tentatives ont été nécessaires pour partir. Un charmant jeune homme nous a donné le coup de pouce indispensable pour notre démarrage et grâce à lui, nous n’avons enregistré que deux chavirages.

Les lunettes, casquettes, pagaies, kayak, tout a volé, ajoutant ainsi leur lot de bleus sur nos corps qui avait hérité d’un chapelet d’ecchymoses du matin. Mais personne n’a abandonné, on a toute foncé et on a pagayé, pagayé, pagayé durant une heure sans quasiment s’arrêter à en avoir des crampes et les mains tétanisées. J’avoue une certaine frustration, impossible d’admirer la magnifique cote escarpée et vertigineuse au risque de s’emmêler les pagaies et se faire assommer par sa coéquipière. Mon principal souvenir est le gilet de sauvetage d’Isabelle et les craintes de Marjorie qui nous croyait les dernières mais qui avait oublié de tourner la tête pour vérifier le bien-fondé de ses inquiétudes. Dire qu’elle nous a mis la pression n’est pas peu dire …

Mais bon an mal an, en cherchant les ressources nécessaires, nous avons contourné avec satisfaction l’ultime bouée. Notre kayak filait droit vers la plage, l’arrivée s’annonçait moins mouvementée que le départ. Une jolie vague nous donnait une belle impulsion droit-devant quand tout à coup, un rouleau fourbe arrivé de la gauche avait raison de notre magnifique trajectoire et de notre bel équilibre. Et c’était reparti pour un tour de haute voltige, tout le monde à la baille…Sous les objectifs des photographes et des camaramen. Il aurait dommage de ne pas immortaliser cet instant. Une jolie crampe me foudroya la jambe et la fesse droites. La sortie ne s’en trouvant guère facilitée.

Fonçant sur une bouteille d’eau, parce qu’une heure à l’eau salée en plein effort, ça déshydrate, je trouvais refuge sur un banc, et passer la demi-heure suivante à compter les grains de sable. Ce ne fut pas le moment le plus agréable du séjour. Fort heureusement le soir, nous étions hébergées dans la propriété de l’Habitation Céron. Le repas fut copieux et délicieux et nous permettait de découvrir de nouvelles spécialités culinaires et de recharger les batteries. Nous en aurions besoin pour le trail du lendemain qui s’annonçait très technique et rendu difficile en raison des intempéries et de la pluie qui avait détrempé le parcours.

La boue allait être notre nouvelle amie.

Les classements au terme de cette première journée : http://www.raiddesalizes.com/assets/resultats/2015_raid%20des%20alizes_%20_gen_j1_tps.pdf

 

 

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