INTERVIEWSMALAISIE & BORNEO

Ernesto Kalum fait revivre le tatouage traditionnel Iban.

Les Iban sont une ethnie proto-malaise qui vit le long de la Côte de Sarawak et représente 30 % de la population de Borneo, ils appartiennent au groupe ethnique des Dayak. Ils seraient originaires de Sumatra, et auraient migré pour chercher de nouvelles terres cultivables.

Cette migration ne s’est pas faîte en douceur, des conflits armés ont éclaté avec les autres ethnies présentes, avec à la clé réduction en esclavage des vaincus et en guise de trophées, des têtes coupées, ce qui leur vaut le nom de coupeurs de têtes (Headhunters). Evangélisés et sédentarisés, ils ont perdu progressivement leurs traditions, leur identité.

Le tatouage faisait partie intégrante de leur vie, le bejalai, tel qu’il est nommé, était assimilé à un voyage, une expérience initiatique. A chaque tâche maîtrisée et à chacun de ses retours au village, le jeune guerrier ajoutait un tatouage à son corps, à un emplacement bien défini, support visuel illustrant ses récits d’aventure ou hauts faits.

Un jeune Iban obtenait son tout premier tatouage à l’âge de 10-11 ans, il représentait une fleur d’aubergine dessinée sur chaque épaule, et symbolisait le début de son voyage d’homme (les femmes en portent aussi).

Ce rituel était très identitaire et très important. Ernesto, dont le père chrétien a tout fait pour l’éloigner de ces rites et racines, jugés indignes, a eu la révélation et le déclic vers vingt ans. Parti étudier en Grande Bretagne, il a compris que sa place était à Bornéo. De retour sur sa terre natale, il a entrepris un voyage auprès des ethnies Iban, à la recherche de vieilles personnes, encore tatouées, et s’est constitué un album photos et un recueil de témoignages pour préserver ce patrimoine en voie de disparition. Il a littéralement appris sa culture. Il s’est approprié les motifs, les a personnalisés tout en préservant leur esprit unique.

Il a ouvert un salon-studio, où il pratique avec Robinson, le tatouage traditionnel, qui consiste à taper deux bambous l’un sur l’autre. Sa clientèle est majoritairement occidentale, il espère que grâce à elle, les siens retrouveront la fierté et l’honneur d’orner leur corps de motifs ancestraux, véritables marques de mérite.

Nous avons rencontré Ernesto & Robinson lors de notre séjour a Bornéo, nous en avons ramené un long interview (qu’il faut traduire^^) et 2 tatouages traditionnels…
On peut rencontrer Ernesto Kalum à Kuching (Sarawak), sur rendez-vous uniquement : www.borneoheadhunter.com.