MARAPA – Un programme de protection des tortues marines
Avant de partir découvrir, Sao Tomé, petite île du Golfe de Guinée, nous ne savions pas grand-chose, à part, qu’elle était surnommée l’île chocolat, grâce à sa production de cacao. En effectuant des recherches sur le net et en consultant « Le Petit Futé », Gabon, Sao Tomé et Principe, le seul qui existe en français (pour l’instant), nous avons appris que c’était un important lieu de ponte des tortues et qu’une association avait mis en place un programme de protection et permettait aux touristes de vivre des moments exceptionnels.
C’est l’association Marapa qui a été fondée en 1999, à but non lucratif, elle œuvre pour la protection de l’environnement et des tortues marines à Sao Tomé et Principe.
Présente sur plusieurs lieux de ponte de l’île, elle a mis en place tout un programme. Tout d’abord de sensibilisation et de prévention auprès de la population et des enfants des écoles qui vivent au bord de la mer.
Des patrouilles sont organisées sur les plages pour essayer de dissuader les braconniers qui les chassent pour leur viande et leur carapace. Le problème c’est qu’aucune loi ne les protège, mais la surveillance permet de sauver les œufs.
Il faut veiller à ce qu’ils éclosent dans de bonnes conditions, soit en les laissant sur place si le nid est protégé des prédateurs (hommes, crabes, oiseaux, chiens), sinon les œufs sont délicatement prélevés et transplantés dans la même position, au risque de les faire mourir, dans des centres d’incubation protégés, près des plages.
.Pour les contacter: http://www.marapa.org/
Patrouiller en compagnie d’Hipolito, un moment inoubliable.
Nous avions envie d’en savoir plus. Nous nous sommes rendus au siège de l’association Marapa à Sao Tomé, mais nous n’avons pas pu obtenir les renseignements que nous voulions. Nous avons donc pris la décision de nous rendre directement au village de pêcheurs de Morro Peixe pour y rencontrer Hipolito Lima, dont tout le monde site le nom, quand il s’agit des tortues.
Ancien chasseur de tortues, il est devenu écogarde, et la figure de proue de Marapa. Les habitants de son village, le surnomme très sérieusement et fièrement « Le Professionnel », parce qu’il met tout son cœur à remplir au mieux sa mission et à la faire partager. Toutes les nuits de septembre à avril, il patrouille, surveille trois plages et protège avec amour les œufs et les futurs bébés tortues.
Nous avons pu le rencontrer et surtout patrouiller en sa compagnie. Quand on arrive à Morro Peixe, il faut aller jusqu’au bout de la route, sur le port et sa cabane jaune sur pilotis est indiquée, vous y trouverez sur place des panneaux d’information et le centre d’incubation.
Par chance, nous sommes arrivés le jour où les bébés tortues sont nés au bout de 60 jours environ et sont sortis de leur nid du centre d’incubation. Hipolito les avait mis à l’abri dans un seau avec du sable de la plage sur laquelle elles sont nées, en attendant la nuit pour pouvoir les relâcher. Deux moments de la journée sont propices à cette opération, le matin au lever du soleil et le soir au coucher, pour éviter l’attaque des oiseaux.
Quelle émotion de voir ces toutes petites tortues. Ce jour-là, quelques 150 tortues sont nées, nous avons participé à leur libération en trois phases, une première vers 18 heures, puis deux autres lâchers durant la patrouille de nuit. Il s’agissait de tortues Tatô ou tortues olivâtres, de petite taille (75 cm pour 50 kg). Cette opération leur permet d’éviter les chiens, les hommes, les crabes et les oiseaux, mais leur remise à l’eau les expose à bien d’autres prédateurs, comme le dit très justement Hipolito : « La nature contrôle tout ». Mais c’est déjà pas si mal. Durant la saison, de septembre à avril, il relâche environ 3000 bébés tortue. Toutes les nuits, il patrouille seul ou accompagné de touristes, de 21 heures à 2 heures du matin, pour voir si des tortues viennent pondre, prélever les œufs si c’est le cas, les baguer si elles ne le sont pas, et surveiller les nids restés sur leur lieu d’origine. La grandeur du trou dépend de la taille de la tortue. La maman fait un tunnel (qui peut faire plus d’1,20 m) et construit une galerie horizontale, une chambre pour y déposer ses œufs. Elle ferme le tout, en prenant soin de bien tasser le sable, elle frappe le sol avec ses pattes de derrière, elle efface les trous pour brouiller les pistes.
Hipolito s’est fait toute sorte de repères très personnels, qu’il cache précieusement, il utilise tout ce qui l’entoure pour se faire des marques, des déchets laissés (canettes, bouteilles), des éléments naturels (morceaux de bois) sur lesquels il indique le nombre de pas pour retrouver le nid. Toute une technique. Cette année, il a constaté l’arrivée de nouvelles tortues, car non baguées. Hipolito estime sauver une tortue sur mille en procédant de la sorte. C’est au sud de l’île que les tortues viennent pondre en plus grand nombre, sur le site de Jalé. Une dizaine de personnes au total sont rémunérées mais les financements viennent certaines fois à manquer.
Si vous voulez participer à l’opération, munissez-vous de bonnes chaussures, pour escalader les cailloux, roches et marcher pendant plusieurs heures. Il faut bien sûr des lampes frontales, que l’on utilisera avec précaution si une tortue vient pondre, pour éviter de la déranger et la faire repartir, et un vêtement de pluie, les averses nocturnes sont fréquentes.
On évitera de venir avec des enfants trop jeunes (minimum 12 ans) car il faut de la patience pour patrouiller, il faut être calme et silencieux. On vous garantit une expérience unique et même si nous n’avons pas eu la chance d’assister à la ponte, rien que la rencontre avec Hipolito valait le détour.
Et vous pouvez terminer l’aventure en dormant sur place, comme ce fut notre cas, sur un lit installé sur la terrasse de la cabane de l’association. Totalement magique et dépaysant.
Et bien sur, n’hézitez pas a faire un don a l’association avant de partir !
5 espèces de tortues viennent pondre sur les îles de Sao Tomé et Principe et certaines sont menacées ou en voie d’extinction, selon la liste rouge établie par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).
- La tortue imbriquée est la plus menacée car recherchée pour la beauté de sa carapace, elle est transformée en bijoux, on en trouve dans le centre artisanal à Sao Tomé, j’ai personnellement refusé d’en acheter, leur protection passe aussi par le refus d’achat.
- La tortue caouanne est menacée.
- la tortue olivâtre, appelée « Tatô « en Portugais est vulnérable.
- la tortue verte.
- la tortue luth la plus imposante peut atteindre 1,90m et on la trouve plutôt vers le sud de l’île.