FRANCE

Le phare de Cordouan, un édifice exceptionnel.

Sa protection et sa valorisation

Situé en pleine mer, à l’entrée de l’estuaire de la Gironde, le phare de Cordouan (1) est une merveille et un endroit à découvrir absolument. Situé sur la commune du Verdon sur mer dans le Médoc, il se dresse fièrement au milieu des flots sur un piton rocheux, entièrement recouvert à chaque marée.

Cet estran abrite un environnement riche de nombreuses espèces végétales et animales. C’est un patrimoine très ancien puisque la première construction remonte à 1360. Mais le phare tel qu’on le connaît aujourd’hui a été achevé en 1789. Suite à l’automatisation des 150 phares de France, plus aucun gardien ne veille sur ces monuments, à l’exception de Cordouan. Cette spécificité est née de la volonté de communes de l’estuaire qui voulaient à tout prix préserver cette merveille et valoriser cet atout touristique majeur. Ainsi le syndicat mixte pour le développement durable de l’estuaire de la Gironde (SMIDDEST) (2) a pris le relais.

Né en 2001, il réunit les Conseils départementaux de la Gironde et de la Charente-Maritime, le Conseil Régional de la Nouvelle Aquitaine, la Métropole de Bordeaux et la Communauté d’Agglomération Royan Atlantique. Ainsi depuis le 1er janvier 2010, le SMIDDEST assure la gestion du Phare de Cordouan : avec pour mission, le gardiennage du monument, l’accueil du public, la promotion du site, le développement de projets culturels et la préservation du plateau rocheux.

Quatre gardiens (3) se relaient, deux par deux pour assurer l’entretien courant du phare, pour assurer une présence jour et nuit toute l’année, pour surveiller l’édifice et éviter le vandalisme et le pillage, accueillir et renseigner les visiteurs pendant la saison estivale et participer à la gestion environnementale du plateau. L’arrivée sur Cordouan entouré de magnifiques bancs de sable est absolument sublime.

Une visite au coucher du soleil vous laissera un souvenir impérissable.

Visite guidée

Nous avons eu la chance de le découvrir en privilégiés puisque nous avons été guidés par l’ancien gardien des lieux, Jean-Paul Eymond (4), qui a veillé sur lui durant 35 ans. Etre passionné et passionnant, il nous a livré de nombreuses anecdotes sur le phare, notamment des détails techniques sur sa conception et réalisation, il nous a fait part de ses expériences à bord de ce navire de pierre et nous a transmis son amour pour cet ouvrage d’exception.

Du rez-de-chaussée à la lanterne, il compte 301 marches, au rez-de-chaussée se trouve le vestibule, il est constitué de niches d’à peine 3m2 qui ont servi de chambres aux gardiens durant deux siècles. Aujourd’hui, ceux-ci logent dans la couronne du phare. L’appartement de l’ingénieur est constitué de deux salles lambrissées de chêne, il était à la disposition du service des Phares et Balises qui venaient contrôler le phare. En 2014, ce logement a été restauré. Les volets intérieurs ont pu être restitués grâce à un modèle retrouvé dans la cave.

Au 1er étage, on découvre l’appartement du roi, même si aucune tête couronnée n’y a jamais séjourné, le sol est pavé de marbre et les murs sont décorés de pilastres ioniques. A partir du XVIIème siècle les gardiens ont utilisé cette pièce pour cuisiner et utiliser la cheminée.

Au 2ème étage, se trouve la chapelle royale, cette salle donne à Cordouan un caractère unique, quelques cultes y sont encore exceptionnellement célébrés.

Au 3ème étage, la salle des Girondins a été construite lors de l’élévation de plus de 20 mètres, de l’édifice entre 1786 et 1789, pour faciliter le guidage des navires. C’est un défi scientifique, technique et architectural qu’a relevé l’architecte Joseph Teulère, qui souhaitait conserver l’intégrité de l’œuvre de son prédécesseur, Louis de Foix. Le positionnement de chaque bloc a été défini avant la taille. Après 1789, Teulère craint beaucoup pour ce symbole monarchique, il veut donner des gages aux révolutionnaires. C’est la raison pour laquelle il l’aurait baptisé cette salle du nom de l’assemblée des Girondins et fit enlever de la chapelle les bustes de Louis XIV et Louis XV.

Au 4ème étage, la salle du contrepoids a accueilli jusqu’en 1987, le contrepoids qui servait à rythmer le feu dans la lanterne. Le phare de Cordouan a été l’un des premiers au monde à employer cette technique, issue de l’horlogerie, inventée en 1780 en Suède. Le poids terminait sa trajectoire dans un bac à sable positionné à ce niveau et les gardiens le remontaient toutes les trois heures.

Au 5ème étage, la salle des lampes était utilisée pour stocker le matériel d’éclairage. Depuis le premier allumage de la tour de Louis de Foix en 1611 jusqu’à aujourd’hui, plusieurs combustibles ont été utilisés pour assurer l’éclairage du phare. En 1611, un mélange de bois, de poix et de goudron, en 1664, blanc de baleine, en 1717, charbon de terre, en 1790, un mélange de blanc de baleine, d’huile d’olive et d’huile de colza, en 1823, de l’huile de colza, en 1870, de l’huile minérale, en 1907, du gaz de pétrole et en 1949, des groupes électrogènes .

Au 6ème étage, la chambre de veille était l’ancienne salle de travail des gardiens, un petit espace rond tout en bois. Ils y effectuaient le travail de surveillance de la lanterne. De petites alcôves permettaient de s’y reposer. Un astucieux système de miroirs pouvait permettre aux gardiens de vérifier le bon fonctionnement du feu depuis leur lit.

Au sommet, la lanterne, cet espace réduit offre un panorama à 360 degrés sur l’entrée de l’estuaire, le vue est grandiose, c’est à couper le souffle. Le phare a été électrifié en 1949 et automatisé en 2006. La plupart des inventions, qui ont bouleversé la signalisation maritime, ont été testées sur le phare de Cordouan. En 1790, c’est le premier phare français à expérimenter un système de réverbères paraboliques allié à un mécanisme de rotation (établi par Joseph Teulère et le chevalier Borda). En 1823, l’appareil à lentilles tournant d’Augustin Fresnel y est expérimenté pour la première fois.

Toutes les personnes qui veillent sur ce splendide édifice travaillent d’arrache-pied pour qu’il soit classé patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco et pour lui assurer ainsi un rayonnement international et une protection supplémentaire (5).

Pour y aller

Toutes les informations sont à retrouver sur : www.phare-de-cordouan.fr/se-rendre-au-phare.html

  • Vous possédez votre propre bateau: vous pouvez vous acquitter du ticket d’entrée sur place auprès des gardiens
  • Vous réservez la visite du phare en même temps que la traversée en bateau auprès d’une des compagnies agréées. Le trajet dure environ 45 minutes et les horaires changent quotidiennement au rythme des marées. Des départs de chaque rive de l’Estuaire sont organisés tous les jours en saison depuis 3 ports : Royan, Meschers-sur-Gironde, le Verdon-sur-mer

Conseils aux visiteurs

Cordouan est le dernier phare en mer ouvert au public. Des conditions d’accès et de visite très particulières imposent le respect de règles strictes.
L’accès au site est soumis au rythme et à l’amplitude des marées. Il n’est autorisé que de jour,  pendant une durée limitée, et variable (de 2h30 à 4h30) en fonction des coefficients de marée et des conditions météorologiques.
Afin de profiter des meilleures conditions de visite, il est conseillé d’organiser votre visite en dehors de la haute saison touristique (juillet et août principalement).

Les conditions de débarquement varient en fonction de la météo, du vent, des coefficients de marées… Le capitaine du bateau fait son possible pour débarquer les passagers au plus près du phare, mais dans la majorité des cas, une partie du trajet est à effectuer à pied (15-20 minutes de marche). Les visiteurs sont amenés à marcher dans l’eau (mi-cuisse) et parfois sur des rochers glissants.

Il est impératif d’être équipé de chaussures (sandales en plastique) et de vêtements adaptés.