A CHEVAL

Martial Bonnac, qui vit en Suisse dans le canton de Vaud, a relevé un beau défi, en août 2013 et accompli un rêve. Il a parcouru 500 km à cheval, aller-retour, pour rallier le mariage de son frère aîné près de Lons le Saunier en France. Récit d’une magnifique aventure humaine et plus encore…

Martial se prépare pour le grand départ

Une semaine avant de partir, Michel Blanc, le propriétaire d’Epi était présent chez Pinson. « Ton gaillard est prêt ». Michel s’en remettait à sa décision. Ils lui ont tous les deux accordé leur confiance au vue de sa fulgurante progression et son tempérament fonceur. Martial a préparé toute sa bagagerie.

Martin Horn et Sita

Et c’est là que Martin Horn (le propriétaire du logement que Martial occupait à l’époque) est entré en jeu. Il n’est autre que le frère de Mike Horn, un aventurier hors du commun, un extraterrestre ( Facebook et http://www.mikehorn.com/ ) que Martin a secondé lors de ses expéditions, durant lesquelles il a joué un rôle prépondérant dans la préparation et la logistique. Il possédait tout le matériel nécessaire pour son aventure, il lui a prêté tout ce dont il avait besoin (une tente, du matériel de couchage, escalade pour accrocher le cheval en forêt, du matos léger, réchaud, de la nourriture lyophilisée, que des produits de haute technicité), et de son expérience, il a pu lui distiller de précieux conseils.

Il lui a tout prêté de bon cœur. Il était à fond dans le projet avec Martial et était très enthousiaste lors de la fabrication du tipi pour son frère et sa belle sœur.

« On n’a pas grand-chose dans la vie. Tu es un peu comme moi, quand tu entreprends un projet, tu le fais à fond et tu le mènes à son terme » – Martin Horn

Martial a su faire rêver Martin, un vrai et grand aventurier. Il lui a rappelé ses propres expériences et ses débuts dans la vie, en le faisant replonger quelques années en arrière. Avec son frère Mike, ils sont partis de rien et ils ont été aidés par des personnes spontanément, qui leur ont fait confiance.

A son tour, Martin pouvait aider un jeune à vivre une expérience extraordinaire. Pour les cartes, Martial s’est débrouillé seul. Il y avait beaucoup de choses à apprendre, il était très naïf, il pensait connaître suffisamment les chemins pour s’en sortir seul, à l’instinct.

Plein de personnes étaient disposées à l’aider, et notamment une qui possédait un stock de cartes. Il lui a envoyé un CD, Martial s’est rendu à l’imprimerie de Château d’Oex pour réaliser des impressions en format A3. Ca faisait beaucoup de documents. Il a tracé une ligne droite des Moulins (en Suisse) vers Lons le Saunier, Quintiny (en France), il a imprimé les itinéraires en fonction de ce parcours.

Martial est allé chercher Epi pour le ramener chez lui, une semaine avant de partir, contre l’avis de Michel Blanc. Le propriétaire souhaitait qu’il parte de chez lui à Saint-Denis, mais c’était s’en connaître le caractère têtu de Martial. Il a réussi à le convaincre en lui promettant de passer en partant.

Pinson, le dresseur voulait faire un point, un débriefing pour un dernier calage. Du jour de leur rencontre, jusqu’à la fin de l’aventure, Michel Blanc et Pierre-Pascal Piccand, n’ont jamais demandé de contribution financière à Martial, la seule chose qui leur importait c’est qu’il prenne soin d’Epi, qu’il vive son défi et qu’il ramène le cheval en bonne santé.

Martial était stupéfié, ils ont consacré des heures à lui apprendre, à le conseiller, sans jamais lui demander quoique ce soit en retour. Il ne voulait pas les décevoir. Il a randonné autour de chez lui, c’était l’une des premières fois qu’il le montait tout seul, c’était une sensation très bizarre, il a ainsi pu prendre ses marques.

[alert type= »info » second_text= »Pierre-Pascal Picand, dit Pinson, le dresseur a joué un rôle déterminant. Il fait partie de cette race d’hommes au regard droit, direct. Quand on le voit la première fois, ce qui frappe ce sont ses yeux malicieux qui plongent dans les vôtres, son beau sourire, il scanne les gens. C’est un passionné qui déborde d’idées pour mener à bien les dressages sur mesure. A chaque cheval une méthode. C’est un observateur, un intuitif et un grand sensible. Michel Blanc est quant à lui, un introverti, un homme droit, généreux, il n’a qu’une parole. Il s’est montré discret mais a toujours été très présent, il a fait confiance à Martial. Sans lui, l’aventure n’existerait tout simplement pas. Il a eu une présence bienveillante. Il était très fier de Martial. » show_close= »false »]

Sa mère, son jeune frère Florentin, son fils Mathurin et ma mère Jacqueline étaient présents. Il a terminé les derniers préparatifs en leur compagnie.

La grande aventure et l’apprentissage commencent

Le jour J est arrivé. Il a pris la décision de partir un dimanche, début août 2013, vers 19 heures, pour éviter les grosses chaleurs. Il devait parcourir 6 kilomètres pour commencer, il avait repéré un endroit, une buvette d’alpage pour passer la première nuit.

Je l’ai interrogé sur son ressenti en partant :

« Tu pars, tu as un sentiment étrange, ça y est tu y es. Tu marches sur les pas que tu connais parce que c’est ta région, tu fais 100 mètres, et tu réalises que tu pars vraiment. Tu te retournes, une fois, deux fois, puis tu finis par ne plus voir ta famille, ton chalet. »

Selon Martial, la paternité est une des clés de la réussite de son expédition, le fait d’avoir Mathurin (2 ans à l’époque) l’a beaucoup aidé. Un bébé ne parle pas, il y a des similitudes avec le cheval, il faut être à l’écoute, attentif à l’autre, cela décuple la sensibilité, le ressenti, cela permet de mesurer le danger et le prévenir. Il faut détecter la faim, la soif, savoir définir les besoins. Sa relation avec son petit l’a éveillé à l’autre, donc à l’animal. A chaque fois, qu’il monte à cheval il le ressent très fortement. Il considère que c’est le petit truc en plus que ressentent les parents. Pinson a utilisé, notamment, une bâche en plastique posée par terre, obligeant le cheval à marcher dessus, alors que plusieurs personnes la soulevaient, la faisaient bouger, le tout dans un environnement très bruyant, forçant Epi à maîtriser sa peur. Le cheval était ombrageux, il fallait aussi lui apprendre à se soumettre et à obéir aux ordres de l’homme. Judith, la belle-fille du propriétaire a expliqué à Martial que dans le carré, Epi était dans son univers, chez lui, autour de la ferme, il connaît les lieux. Mais le jour du départ, il devrait s’en remettre à Martial, il devait pouvoir lui faire confiance car il se retrouvait en terre inconnue.

Florentin, son jeune frère, présent, m’a confié avec du soleil dans la voix : « Martial est parti sur une plaine, c’était beau. C’était cool, j’étais content pour lui. Martial était content et nerveux, Epi était tranquille ».

A suivre…

 

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