C’est en novembre dernier que nous nous croisons pour la première fois. Seulement quelques minutes. Je suis intriguée, émerveillée par ton charme, puis mon bateau repart sans que je n’ai pu t’approcher, me laissant rêveuse de te découvrir un jour.
Quand je te retrouve, à peine quelques semaines plus tard, j’ai le cœur brisé. Je ne crois plus en rien.
Cette fois je descends du bateau, mais en pleurs. Mes larmes m’empêchent de voir ce que tu as à m’offrir. Je n’arrive plus à respirer. Mes rêves de vie à deux sont en train de s’écrouler, je voudrais fermer les yeux et tout oublier. Et puis je décide d’aller plonger.
Sous l’eau je suis un enfant. Sous l’eau je suis un poisson.
C’est trop cool d’être un poisson. Quand je remonte, quelque chose en moi s’est apaisé. J’ai une révélation : c’est près de toi que je vais venir me réparer. Près de toi j’ai moins peur.
Je te quitte quelques jours plus tard en te promettant de revenir très vite…
Il me faut 3 mois pour retrouver le courage de quitter ma famille, mes amies, mon pays, ma vie.
Cette fois-ci tu me retrouves souriante, apaisée et prête à ouvrir mon cœur. Même le confinement à cause du corona ne me fait pas peur. J’ai confiance en toi, je sais que tu vas prendre soin de moi.
Je profite de ce temps qui semble s’être arrêté pour essayer d’en savoir d’avantage sur toi. Chaque jour, je m’attache un peu plus. J’aime ta chaleur, j’aime ta lumière, j’aime ce que tu me fais ressentir. Je ne manque pas un coucher de soleil avec toi et chaque fois je me sens la plus chanceuse du monde. Près de toi je me sens vivre pour de vrai.
Pourtant, tout n’est pas rose en cette période. Je vois les touristes partir petit à petit. Je vois les commerces fermer les uns après les autres. Je fais la connaissance d’une famille de birmans lors d’une distribution alimentaire pour les plus démunis. Là j’ouvre les yeux sur la situation catastrophique dans laquelle se retrouvent des centaines de familles expatriées. Pas de touristes, pas de travail, pas d’argent. L’équation est simple.
Alors je m’implique auprès d’eux, j’imagine des solutions pour les aider, leur donner un peu d’espoir. Ils deviennent ma famille. J’aime passer du temps chez eux, m’asseoir sur leur terrasse, boire du thé, discuter pendant des heures du sens de la vie, de nos rêves respectifs. Je suis à la bonne place, grâce à toi.
Je partage mon temps entre mes amis français rencontrés ici et ma nouvelle famille, entre snorkelling, apéros, rires et découverte de la culture birmane. Chaque jour je te remercie pour tout ce que tu m’apportes. Je n’ai jamais été aussi heureuse de toute ma vie. Parfois j’aimerais que le temps s’arrête ici.
Pourtant, je sais qu’un jour, bientôt, je vais devoir te quitter.
Avant de partir, je dois t’avouer quelque chose.
Je t’aime Koh Tao. Et je reviendrai…